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pour  entrer  au  lycée  Charlemagne                    réalité surtout les fêtes.
       puis  suivi  une  classe  préparatoire  à               Je me souviens aussi à quel point mon

       l’Ecole Bréguet. J’étais surtout attiré                 père était patriote, reconnaissant à la
       par  les  lettres,  mais  c’était  un  temps            France d’avoir accueilli sa famille qui

       où  l’on  manquait  de  techniciens  et                 fuyait  la  Pologne  et  ses  pogroms.
       d’ingénieurs.  On  se  posait  peu  de                  Lorsqu’à  la  maison,  on  entendait  la
       questions ! Je suis entré au Centre Na-                 Marseillaise  à  la radio  ou  à  la  télévi-

       tional  d’Etudes  des  Télécommunica-                   sion, il nous faisait nous lever de nos
       tions  où  j’ai  fait  une  carrière  d’ingé-           chaises !

       nieur .


                                                               Issu de ce Judaïsme traditionnel, com-
       Votre mère était la sœur du prestigieux                 ment en êtes-vous venu à choisir le ju-

       Grand-Rabbin  Jacob  Kaplan,  qui  a                    daïsme libéral ?

       joué  un  rôle  décisif  dans  le  Judaïsme             Adulte,  je  me  suis  installé  avec  mon

       français.  Votre  famille  était-elle  très             épouse à Issy Les Moulineaux dans la

       liée  au  Grand-Rabbin  ?  Très  obser-                 banlieue  sud  de  Paris  où  se  trouvait

       vante ?                                                                  mon  travail.  Nous  fré-
                                                                                quentions  la  synagogue
       Nous  voyions  régulière-                                                locale.  Mais  le  rabbin

       ment  mon  oncle,  ma                                                    était  très  autoritaire,
       tante et mes cousins. Ma                                                 voulait  qu’hommes  et
       tante  était  souvent  à  la

       maison  et  s’entendait                                                  femmes  soient  séparés
       bien  avec  ma  mère.                                                    même  pour  de  simples
                                                                                conférences.  Il  était  vo-
       C’étaient  des  gens  ex-                                                lontiers menaçant.
       traordinaires.  Pour  ce
       qui  est  de  notre  ju-                                                 Sur les conseils d’un ami,

       daïsme,  il  était  relative-                                            je suis allé à un office de
       ment strict. Mon père était originaire                  Daniel Fahri au MJLF. J’étais un peu

       d’un  shtetl  de  Pologne  et  enfant,  il              sceptique au départ, mais j’ai été con-
       avait  étudié  à  mi-temps  chez  le  rab-              quis. Il parlait de notre vie, de ques-
       bin.                                                    tions qui nous concernaient. Ce n’était
                                                               pas juste une série de règles qu’il nous
       J’ai  fait  ma  Bar  Mitsvah  à  la  syna-

       gogue de la rue Pavée, très orthodoxe                   assénait, de choses à faire et à ne pas
       aussi.  Je  me  rappelle  son  rabbin  in-              faire.  Pour  moi,  ce  n’est  pas  offenser
                                                               Dieu  que  d’appuyer  sur  un  bouton
       croyable  qui  parlait  yiddish  et  dont               pour  allumer  la  lumière  pendant  le
       les  discours  étaient  très  profonds.  Ce             shabbat !
       judaïsme traditionnel a imprégné mon

       enfance  même  si  nous  célébrions  en

                                                                                        Pensées juives - 11
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